Mercredi 31 janvier 2018


Assemblée Nationale.

Intervention du député de la 4ème circonscription de la Loire (42), Mr Dino CINIERI concernant la préservation des paysages de Taillard et la qualité de vie des Pilatois.



                                       Lettre 2018 de l’Association Protégeons Taillard

              À ses  adhérents  à ses  sympathisants et aux associations amies


L’année 2017 a été une année difficile et complexe pour notre association en raison  de l’enquête d’autorisation d’exploiter les 10 éoliennes de Taillard qui a eu lieu en  avril et mai 2017 et des actions de suite que notre association a entreprises  auprès des autorités administratives et auprès des élus. Nous remercions chaleureusement   nos adhérents, nos  sympathisants et les  associations amies qui se sont largement  mobilisés lors de l’enquête publique d’autorisation d’exploiter

Point d’avancement du projet éolien des Ailes de Taillard : implantation de 10 aérogénérateurs de 125 mètres de haut sur les crêtes forestières à 1300 mètres d’altitude

- avril-mai 2017 .Enquête publique d’autorisation d’exploiter les 10 éoliennes de Taillard

-10 mai 2017 Délibération défavorable au Projet éolien du Bureau du Parc naturel régional du Pilat

-Juin 2017 conclusions  du Commissaire enquêteur : avis favorable assorti de  4 réserves

Reserve1 compléter les études acoustiques pour prendre en compte les récentes  recommandations de l’ANSES ( agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail)Réserve2 que le type d’éolienne installé soit strictement identique au modèle décrit dans l’étude d’impact Réserve 3  en raison de la vulnérabilité de la ressource en eau mettre en place des dispositifs  complémentaires de protection  dont l’efficacité sera validée par un hydrogéologue Réserve 4 mettre en place un comité de suivi pour répondre aux inquiétudes des riverains (qualité de l’eau, bruits, basses fréquences, etc.)

-9 décembre 2017 Délibération défavorable au  projet éolien de la Commission départementale nature sites et paysages de la Loire(CDNPS)

 Principales  actions réalisées en 2017-

-Enquête publique d’autorisation d’exploiter les éoliennes de Taillard avril-mai 2007 La mobilisation des adhérents, des sympathisants, des usagers du Parc du Pilat et des associations amies a été obtenue par les prospections sur le terrain avec distribution de flyers, par le site internet et par la page Facebook. Cette mobilisation s’est traduite par de nombreuses visites au Commissaire Enquêteur dans les Mairie de St Sauveur en Rue et de Burdignes , par les observations aux  deux registres « papier » et les observations  au  registre dématérialisé. 829 observations ont été déposées au registre d’enquête dont 51 ; 51 % sont défavorables au Projet et 48 ; 49% sont favorables.

- Le Bureau du Parc du Pilat a délibéré le 10 mai 2017 contre le projet éolien des Ailes de Taillard Des courriers et des  mails ont été envoyés aux élus du Bureau du Parc, au  Conseil scientifique et à l’association des Amis du Parc pour présenter les arguments de notre association contre le projet

- La Commission départementale nature paysages et sites de la Loire a délibéré  le 9 novembre 2017 contre le projet éolien. Des mails et des documents (photomontages au format A3) ont été transmis aux élus et aux membres de la commission

- Plusieurs courriers ont été rédigés en direction du député Dino Ciniéri . et du Sénateur Bernard Bonne que des membres de notre Association ont rencontrés à plusieurs reprises

2.2 Actions de communication  La pétition  pour sauver la Grande forêt de Taillard a enregistré3566 signatures au 31 décembre 2017  ainsi que 2593 conversations sur le blog qui lui est associé. La pétition se poursuit. Faites la connaitre autour de vous

La page Facebook permet d’entretenir un réseau « d’amis » intéressés par les paysages naturels, par la biodiversité et  par le patrimoine naturel et bâti. En cas d’événement ce réseau peut être activé pour diffuser rapidement de l’information.

Deux documents de qualité professionnelle ont été réalisés par un de nos adhérents Une série de photomontages paysagers , regroupés  dans un document au format A3 qui a été remis au CE lors de l’enquête publique et  à plusieurs membres de la CNDPS avant la réunion du 9 décembre   Un video film de 3 minutes qui présente les photomontages précités a été mis en ligne en novembre sur youtube , diffusé  aux adhérents, sympathisants et associations amies ,inséré sur la page Facebook et présenté lors de la réunion publique de l’association Vent du Pilat à Pélussin le 17 novembre 2017

3 relations et liaisons avec  d’autres  associations Nos actions sont menées  en étroite synergie avec les Associations  Les Sources de Taillard, Défense du Patrimoine de Saint Sauveur en Rue, et l’Association pour la Préservation de l’environnement du Pilat Stéphanois (APEPS Rochetaillée) .Nous entretenons également  des relations avec Vent du Pilat (participation à leur réunion publique du 17 novembre2017) Depuis janvier 2017 Protégeons Taillard est association fédérée de  la Fédération Rhône alpes de protection de la nature( FRAPNA) de la Loire.  ; Protégeons Taillard   adhère à la Fédération des Energies durables ( FED)  et   à la Fédération Vent de Colère

4 Actions à venir  en 2018 La préoccupation majeure de l’association est une éventuelle signature de l’autorisation d’exploiter les éoliennes de Taillard par le Préfet de la Loire dans les semaines ou dans les mois à venir .La question  d’un recours contentieux en justice administrative se poserait alors.

La prochaine  assemblée générale de L’Association  Protégeons Taillard aura lieu au printemps 2018. La date vous sera communiquée dès qu’elle sera définitivement  fixée.

Le Bureau de l’Association Protégeons Taillard vous remercie pour votre soutien et vous souhaite une excellente nouvelle année


La critique de l’éolien s’exerce sur différents points. On ne se préoccupera ici que de la question du paysage et de son cortège polémique .

Le point le plus délicat à résoudre aux yeux des acteurs de l’ éolien, celui qui embarrasse les promoteurs , est sans conteste celui des atteintes aux sites et la critique qu’en font les esprits sensibles à leur harmonie.

En effet, il est objectivement impossible de contester les dimensions des machines . Même , et surtout , les paysagistes missionnés par les promoteurs renoncent à prétendre dissimuler des constructions sans rapport ni dimensionnel ni matériel avec les sites où on les installe .Ils se

réfugient dans la proposition utopique de créer un « nouveau paysage » hybride , miindustriel ,mi- naturel, en fait un paysage , au sens propre, dénaturé .

Les réponses des partisans des machines sont d’ordres divers mais leur présupposé reste constant : même si les paysages souffrent de perturbations qu’ils sont bien obligés de reconnaître, l’éolien doit se « Faire » selon le mot récent d’un journaliste écologiste convaincu du bien- fondé

de cette industrie .(*)

L’utilitarisme , colorié d’une certaine idéologie écologiste confiante en l’avenir des techniques, l’emporte sur toute autre vision de la société et de ses valeurs esthétiques ou affectives .


La première affirmation rencontrée consiste en une comparaison du type :

« une éolienne n’est pas plus laide que /un pylône/,une autoroute ,/et surtout une centrale nucléaire »

On détourne ainsi l’observation hors du sujet ,car il s’agit bien de savoir si l’éolienne est belle ou laide ,et non de s’appuyer sur un autre objet contestable pour récuser l’accusation initiale .Ce n’est pas parce qu’un pylône est laid qu’une éolienne ne l’est pas .On peut aussi lire dans cette proposition l’aveu implicite que la machine « est aussi laide que .. »

Que la peste soit un fléau n’empêche pas le choléra d’en être un autre. La médecine examine l’une puis l’autre sans les confondre .

L’examen des éoliennes doit se porter sur le cas intrinsèque et non sur un autre rapproché artificiellement.


2° Détournement du constat : « Une éolienne n’ est pas laide »

On peut en convenir. L’éolienne procède du design contemporain et sa rationalité lui confère une ligne sans heurt .Mais c’est réduire l’observation car il ne s’agit pas d’UNE éolienne. mais bien de la suite que forme une centrale-[ et non d’un parc ou d’une ferme , mots choisis à dessein pour leur connotation bucolique-] de plusieurs machines .Les éoliennes se présentent toujours comme un ensemble et non comme un objet isolé. On aborde ici un problème de sitologie et non d’esthétique artistique . La multiplication implique un effet de masse qu’il faut prendre en compte ,10 n’est pas 10 fois 1 mais bien un ensemble 10 .

A cette réponse il faut rattacher un argument qui revient comme un leitmotiv .

« Une éolienne n’est pas (toujours cette négation ) plus haute que : la Tour Eiffel. »

Oui, mais la Tour est un objet d’art , unique, gratuit ,avec une histoire ,un nom propre, une silhouette sans réplique. .

Son créateur a -t-il un jour imaginé en voir 10 ou 20000,sur notre territoire ? La réponse va de soi. Par contre les éoliennes, elles ,sont toutes semblables ,leur dessin issu de la technique appliquée est reproduit du Danemark à l’Espagne sans la moindre relation avec leurs contextes géographiques .Les praticiens du « Land-art »insèrent leurs créations spatiales en un seul point choisi ,ils ne les reproduisent pas en tous lieux . Création signifie intervention originale d’un créateur, Eiffel par exemple, toute copie ne saurait dépasser le statut d’objet banalisé .  En outre, ces affirmations de la beauté des éoliennes font abstraction des sites qui les entourent .

On ne peut juger de leur élégance que si on prend en compte le lieu qui doit les recevoir . Si une éolienne n’est pas laide sur plan ,on ne peut la lire sans la considérer dans le contexte . Une série de machines colossales, visibles du Mont St-Michel ou des Salines d’Arc et Senans ou ,comme on le lit ces jours, depuis la Montagne Sainte –Victoire chère à Cézanne , et donc tous sites constitutifs de notre richesse culturelle ,oblige à une contestation radicale de leur gigantisme et de leur incongruité.


3° La controverse connait son acmé avec le classique « La beauté du paysage est affaire de subjectivité » .

La phrase se veut définitive et sans réplique .Elle déclare tout jugement inutile et ouvre donc la porte à toutes les options .Or si la subjectivité donne le droit à chacun d’affirmer son choix, sa pertinence esthétique s’arrête où commence le jugement éclairé. Car si je peux , m’appuyant sur ma préférence, aligner une cohorte de nains de plastique dans mon jardin , il sera difficile de leur accorder la valeur des créations de Camille Claudel .La subjectivité ne définit pas le bon goût, elle permet l’option individuelle sans en garantir la valeur.

Elle autorise le choix entre deux paysages de même richesse : Chacun peut éprouver le sentiment du sublime devant la Pointe du Raz ou au pied de la Meije , mais sauf à cultiver le paradoxe provocateur, il est inconcevable de trouver la même puissance à une décharge sauvage ou une entrée de ville livrée aux cubes commerciaux. On ne peut s’appuyer sur ce concept pour refuser de voir la dénaturation d’un site quand un industriel prétend imposer 5 ,8 ou 10 machines à un territoire jusqu’alors préservé ; et donc forcer toute une population à en supporter la présence indiscrète .

En matière de qualité des espaces publics la nécessité s’est imposée d’établir des règles . Ce sont celles que font appliquer les Architectes des Bâtiments de France ou des monuments historiques, les Sites Patrimoniaux Remarquables , les Commissions Départementales de la Nature ,des Paysages et des Sites (CDNPS) ou celles qui président à la délivrance des permis de construire .

Au nom de la subjectivité je ne peux bâtir une chaumière normande dans le massif des Ecrins et réciproquement on refusera tout chalet suisse en Bretagne .La législation du goût l’emporte sur les choix individuels et en corrige les aléas .

Etrangement, en ce qui concerne les éoliennes cette règle se voit battue en brèche par une réglementation de complaisance ardemment soutenue par le syndicat professionnel et le monde politique.

Remarquons enfin que le plus souvent l’ argument de la beauté subjective est avancé par ceux qui se proposent de la détruire.


4° la discrimination sociale

Si les argumentaires rapportés plus haut relèvent essentiellement d’une méconnaissance des règles qui régissent un site ,on en lit d’autres d’une toute autre nature et moins propres à se voir traités avec une certaine indulgence . Ces critiques ne sont plus d’ordre esthétique , ne se rapportent plus aux objets que sont les éoliennes mais mettent en cause ceux qui ont le front de les contester .On ne s’attarde plus sur ce qui est dit mais on attaque celui qui parle .Procédé connu

depuis les rhéteurs antiques et depuis repris par tous les régimes totalitaires .

Pour certains défenseurs des éoliennes. la contestation ne peut être le fait que de personnes sans qualité ; du moins répondant à certaines caractéristiques sociales explicitées au fil d’ interventions hostiles .

La critique pour les thuriféraires de l’éolien ne peut venir que de citoyens de second rang.

Les résidents secondaires en tête . Leur présence dans le paysage n’a pas de légitimité pour celui qui ne voit dans cet espace que le lieu de l’activité ,activité agricole certes, mais aussi celle de l’industrie éolienne . On est en présence d’une vision dogmatique d’un pragmatisme utilitariste qui ne prend pas en compte l’incidence positive des impôts locaux acquittés par les occupants « secondaires », ni la renaissance des villages soumis à l’exode rural. Les paysans du roman de

Balzac ont des descendants.

Le cas presque caricatural est fourni par les diatribes lancées contre ceux dénoncés comme « châtelains » . A en croire l’acrimonie qui entoure ce mot la France est peuplée d’aristocrates héritiers du » Milliard des émigrés » de 1825 .

Ces « ci-devant « ont l’audace de se faire les avocats des sites agressés par les implantations sauvages d’éoliennes dans leur champ visuel, Que ces châtelains mettent souvent toute leur énergie (et leurs finances personnelles ) au service de la restauration de ce qui est aussi le patrimoine historique de tous ne les rend pas excusables d’être conscients des abus d’un lobby .

On croit entendre ici l’écho lointain de la Carmagnole et le fameux « Mort aux châteaux, paix aux chaumières !»

Ces deux cas d’ostracisme social font naître un sentiment de malaise .L’éolien serait donc une doxa proche de la foi religieuse mal comprise , celle qui conduit à la violence verbale car l’anathème est la parole du fanatique .Entendre la critique lui est insupportable , toutes les allégations , même douteuses, se voient utilisées pour faire taire celui qui refuse le dogme.


NIMBY ou le pilori ébranlé

Reste le cas de figure rhétorique longtemps utilisé par les partisans de l’éolien et qui se résume par l’acronyme de NIMBY . Etait qualifié de « nimby » ( not in my back yard / pas dans mon jardin ) celui qui refusait un équipement qualifié de majeur et d’’indispensable à la conversion de nos sources d’énergie par qui en prenait l’initiative ,en l’occurrence un élu local, un ministère ou plus prosaïquement un promoteur éolien . Le refus ne pouvait s’expliquer que par

l’égocentrisme farouche , une vision myope de l’intérêt public , en un mot par le manque inadmissible de sens civique . Qui n’adhérait pas à la vision technologique , technocratique ,portée par des politiques acquis à la cause, se voyait frappé du sceau de l’incivisme .

Les éoliennes se définissaient comme l’impératif catégorique et la vertu obligatoire ; leurs adversaires se voyant renvoyés à leur indignité .

Le mot apparait moins souvent depuis que les analyses sociologiques ** ont frappé d’obsolescence les affirmations aussi péremptoires que superficielles .Il a fallu admettre que le « nimbysme » pouvait traduire un certain sens des valeurs collectives .et que ce refus individuel révélait le manque de transparence des projets ,ou l’insuffisance des procédures de consultation des populations –la mascarade de la plupart des enquêtes d’utilité publique où l’on lit les conclusions d’un commissaire en plein désaccord avec toute une population- ou l’avis positif d’un préfet faisant fi des critiques d’une CDNPS , d’un ABF ou d’une commune –Surtout que le refus

d’une personne , loin de limiter son sens à la sauvegarde d’un paysage personnel , mettait en évidence la prétendue rationalité économique d’une centrale , que cette forme de production n’avait aucune incidence positive sur la réduction des gaz à effet de serre ,qu’il fallait en 2016, plus de 6000 machines pour produire 4,3 % de notre électricité que ,en fin de compte l’éolien ne résistait pas à une analyse rationnelle ,et que l’état n’avait pas toujours sa « Raison » .On est ainsi

passé d’un mot péjoratif au concept positif de lanceur d’alerte .Le « nimby » par son expérience locale accède à la fonction de témoin privilégié du despotisme éolien ; la profession se montrant cyniquement bien décidée à mettre le paysage français en coupe réglée .


Que le refus des éoliennes paraisse intolérable à leurs partisans , on peut le comprendre, mais les voir employer les artifices évoqués ici n’est pas plus supportable à qui refuse les illusions et les dérives qui accompagnent .ces machines .

Si certains avancent des paralogismes assez naïfs , d’autres jouent délibérément avec les procédés les plus inélégants .Il convient de les mettre en pleine lumière et de rappeler ceux qui en usent à la rigueur intellectuelle .


Ph.Peyroche

CDNPS / Loire / 27/12 /2017

*« Reporterre –« L’éolien en France / 18 /12 20

** La Gazette des communes 8/2/2016

Le paysage dénaturé ou l’embarras des fidèles de l’éolien

/ 27 DEC 2017

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